Le point de départ de ce quintette de flûtes était l’idée d’une image sonore telle qu’elle résulte de l’interaction de cinq instruments identiques : en d’autres termes, pas ce que l’on pourrait appeler une famille de flûtes. C’est précisément dans la limitation du spectre tonal que réside le défi, celui de faire briller des couleurs différentes avec des moyens différents, mais d’autant plus forts. De cette manière, le lien entre le son, l’harmonie et le rythme apparaît comme par lui-même.

Dans le premier mouvement, les flûtistes jouent “comme d’une seule bouche” : un seul unisson synchrone, harmoniquement éblouissant, rythmiquement complexe. Suit un tableau atmosphérique délicat, quelque peu fragile, dans lequel l’ensemble se divise en deux porteurs de groupes de notes en mouvement. Le pendant du premier mouvement est le cadre de la dernière pièce : les instruments s’y déplacent intentionnellement côte à côte, produisant des boules sonores errantes au travers desquelles clignotent des déchirures et des arêtes individuelles. L’écriture amétrique, qui vise ici à déformer le son, est tout à fait compatible avec une gaieté et une joie de jouer sans contrainte, à travers laquelle la section médiane se distingue de façon éclatante. Cela reflète l’intention du compositeur, qu’il poursuit également dans d’autres œuvres : saisir et exploiter pendant quelques instants la variété des différentes techniques et dispositifs sonores contemporains, parfois apparemment contradictoires.