La tâche de trouver des formes d’expression musicale pour les termes «énergies renouvelables» m’a conduit à me pencher sur certains états de mouvement, tels qu’ils se manifestent dans différentes méthodes de production d’énergie écologique. Je me suis alors penché sur les trois principaux dispositifs actuels de production d’électricité : Les éoliennes, les panneaux solaires et les centrales hydroélectriques. Tous reposent tous sur l’utilisation de certaines forces, qui jouent également un rôle dominant dans la musique, et qui constituent peut-être même certaines des conditions de base de la formation classique : le mouvement cyclique, la statique et la canalisation des courbes de pression.

Ainsi, la première pièce reflète l’idée d’un parc éolien : avec des figures de jeu individuelles qui se répètent de manière cyclique, se superposent et se forment dans des combinaisons sans cesse renouvelées, à l’instar du modèle de mouvement des roues, jusqu’à ce qu’elles s’effondrent toutes l’une dans l’autre dans deux brefs passages fortissimo. La deuxième pièce se développe à partir de surfaces sonores statiques et d’abord bruyantes, sur lesquelles «dansent» – comme des reflets de lumière – des événements ponctuels. Ceux-ci se concentrent ensuite en une grande montée en puissance, au cours de laquelle les forces s’accumulent et la pression monte, pour finalement se décharger dans un passage de rythmique véhémente. À la fin, on retrouve – de manière tout à fait cyclique – le calme statique de l’état initial.

Outre cette approche programmatique du thème, un autre rapport à l’idée de «bilan énergétique» m’est très important – et ce, fondamentalement, dans toutes mes compositions : l’engagement en faveur de la durabilité esthétique – tout à fait en opposition au postulat de renouvellement des idéologies établies de la musique contemporaine. Avec l’exigence réflexe et clichée de progrès constant et d’«innovation» que l’on entend souvent, une grande partie de la production artistique «avancée» représente pour moi aujourd’hui un reflet de notre société de consommation éphémère. Face à cela, je recherche plutôt un message personnel dans la recombinaison de moyens de création éprouvés, sans pour autant renoncer complètement aux acquis des effets sonores contemporains.

M.L.